Nous vous informons de la disparition le 19 juillet de Christian PAGE dit PAJUS inamovible pilier du BEC depuis les années 50, encore et toujours présent aux repas d’avant match , membre indéfectible de notre association
Ses obsèques se sont déroulées le 25 juillet en l’église de Saint-Gervais (33) la commune où il résidait
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JBSP
Message de Michel Lenguin :
Page, Pajus ,comme nous l’appelions ,était sans doute celui qui devait prétendre
détenir une des premières affiliations en rugby avec Jackie Faivre , son ami Peppone.et Louis DARRIEULAT
je la situe vers 1950-1951 . Dans cette équipe junior de 1952 on retrouvait Marc Duthoit
et Jackie Faivre internationaux scolaires .
Soixante quinze ans de fidélité absolue au club et aux amis . Bonhomme ,d’humeur
toujours égale ,c’était un personnage rassurant avec lequel il était bon de se retrouver.
Dans la vie ,professionnelle ou familiale ,il imposait cette sérénité ,comme il l’avait fait
sur les terrains Pilier inamovible ,particulièrement charpenté des membres inférieurs ,je ne me souviens
pas avoir assisté à des embrouilles ou manifestations spectaculaires avec son vis à vis . C’était la force
tranquille qui en imposait ,parce que “il jouait le jeu “
75 ans de présence parmi nous .Il était bon de le revoir ,chaque rendez vous
car il semblait immuable ,exceptée ces deux ou trois dernières années où il évoquait un mal récurrent sans plainte excessive
Un monsieur authentique s’en va.Ton départ creuse un vide pour cette génération qui te pleure
Michel LENGUIN
Je le rencontrais au marché de Gradignan le samedi lorsque j’habitais là: la force tranquille, le sourire et le rire gras.
Merci Michel de ton hommage où, comme souvent, il n’y a rien à ajouter
On ne peut rien rajouter au portrait hommage de Michel Lenguin ..Tout est dit et la tristesse des survivants est bien profonde.La fidélité de Pajus au rugby du Bec a été admirable comme un premier amour éternel.Difficile de ne pas être ému par son exemple.Adieu Jacques Faivre.
PAJUS DOMINUS
S’il fut un fidèle des fidèles au BEC, ce fut bien notre Pajus dont Michel Lenguin vient de saluer la mémoire.
Je souhaite ajouter mon témoignage de cette fidélité au club qui a trés certainement influencé la mienne.
En septembre 1968, libéré des obligations d’une première année de Droit, et dispensé des effets-retard de la révolution soixante-huitarde, je fais ma rentrée universitaire. Elle est tout entière consacrée au rugby et à ce BEC mythique dont je suis déjà imprégné de la légende estudiantine et des hauts faits transmis par mon père.
Aux premiers jours de la fin de l’été, j’ai peut-être foulé quelques pelouses amicales du rugby d’antan à Gujan ou ailleurs avec les juniors de BEC. J’ai peut-être fait avec mes potes Jacques Magnes, Mitou Pommier, Bernard Corrihons, et autres Alain Arbouet, Jean-Claude Garin, Beñat Iratchet, le lever de rideau d’un amical Dax-Gujan, sous la férule bienveillante de notre admirable « entraîneur » (le terme « coach » n’était pas encore en usage) Georges Nazom.
Mais, je le présens intuitivement, la vraie rentrée au Club va avoir lieu à Bordeaux, pour la forme et au Stadium universitaire, pour le fond.
Misérables bécistes qui n’avez pas connu le Stadium, sa main courante autour du terrain, ses vestiaires fumants et résonnants, les caillebotis glissants de ses douches, le bouc iconique et attachant (attaché ?) de l’innénarable Elie, gardien indéracinable et corvéable du lieu ! Et le système d’eau chaude défaillant qui transformait les vestiaires en un sauna finlandais au milieu de l’hiver.
Une entière génération d’étudiants rubipèdes, pas seulement bécistes, de toutes les facultés de l’université, ont eu l’honneur et le plaisir (?!) de fouler le terroir graveleux de cet endroit historico-ludique; d’y souffrir aussi, de s’écorcher les genoux, se couvrir de sa boue et ne jamais plus oublier l’odeur de marécage qui colonisait nos sacs de sport entre deux matchs.
Yves Harté , dans son papier
« l’esprit des stades » publié dans le journal du BEC, d’octobre 2015, fait justice de l’immortelle place du Stadium dans la légende du Club et de l’Université (elle-même un peu oublieuse de son passé…).
Le Stadium, en septembre 1968 —- et jusqu’à sa démolition sous les coups des pelles mécaniques de l’histoire —- ce fut le vrai siège de ce BEC que l’on qualifierait aujourd’hui de « délocalisé ».
Lorsque j’entre pour la première fois dans ce temple de ma vie d’étudiant-rugbyman, je ne sais pas encore que j’y reviendrai sans cesse tous les mardis et jeudis de ma vie bordelaise avec un frisson de plaisir à l’estomac.
Ces entraînements hebdomadaires étaient la clé d’entrée dans l’esprit du Club.
A l’arrivée des uns et des autres au rythme décalé des étudiants, chacun échangeait de brèves nouvelles en se mettant en tenue de « footing »…Chacun décompressait de la vie courante de l’étudiant; chacun partageait les brèves anecdotes du moment et du week end passé. On voyait s’amalgamer les générations et les plus jeunes écouter les anciens énoncer leur savoir, leurs certitudes, essaimer la rumeur du BEC.
Puis, lui, il arrivait tranquillement, le Pajus historicus qui nous rendait bien 15 ou 20 ans de pratique béciste. Son langage corporel était aussi parlant que la discrétion de ses propos. Une fois en tenue pour l’entrainement, il sortait des vestiaires pesant lourdement de sa démarche de pilier honoraire, martelant le sol des crampons d’acier de ses chaussures de rugby à haute tige comme en portaient les premières lignes de sa génération immortalisés par les personnages de Patrocle et Bouzique des Rubipèdes du dessinateur Iturria.
Je ne me souviens pas d’avoir vraiment lancé mon propre jogging au milieu du troupeau béciste sans avoir visionné et ressenti ce réel tremblement provoqué sur le terreau du Stadium par le passage du massif Pajus et ses extraordinaires mollets. «Charpenté des membres inférieurs », écrit Michel Lenguin. Certes et les mollets de Christian Page étaient aussi représentatifs de la solidité morale et de la « force tranquille » qu’il exhalait.
Ces attributs essentiels de la constitution d’un pilier de mêlée étaient en outre extraordinairement mis en valeur par les chaussettes peut-être encore en laine qu’il arborait impéccablement nettoyées d’une séance à l’autre et teintées du rouge de la tradition béciste.
Peut-être ai-je puisé dans ces imposantes allées et venues du Page aux puissants mollets mon quota hebdomadaire de sérénité, ce tranquillisant nécessaire à la routine de l’entrainement bi-hebdomadaire entre les matchs du mercredi et du dimanche…
Sérénité, force tranquille, mais aussi un autre attribut évoqué par le Président d’honneur du BEC: la fidélité.
Parfois le dimanche, au bord des terrains où nous nous échauffions avant le match, j’ai vu s’approcher des « sergents recruteurs » au manteaux de cuir. Mais l’exemple de « Pajus » et des autres grands anciens m’a sans doute appris la valeur de la fidélité au Club. Cette fidélité qui vous protége de l’appel des sirènes.
Adieu Christian !
Merci Pajus Dominus!
Erratum: lire « inénarrable »