Les « Piliers d’Angkor », la première équipe cambodgienne de rugby, aujourd’hui disparue. (Crédits : Jean-Claude Garen)
Grandi entre Nontron et Brantôme en Dordogne, aujourd’hui directeur d’une clinique privée à Phnom Penh, la capitale du Cambodge, à 74 ans, Jean-Claude Garen est surtout un passionné de rugby. Troisième ligne au BEC (Bordeaux Étudiants Club) durant ses études de médecine, le Français se souvient qu’à son arrivée dans les années 1990, « le rugby était inconnu ici. On a organisé quelques matches avec une sélection bordelaise de copains du BEC et du club de Bègles. » Ainsi était née la première équipe du pays : les « Piliers d’Angkor », aujourd’hui disparue.
Mais l’expérience a fait des émules : le Cambodge possède désormais sa Ligue nationale de rugby avec plus de 300 licenciés et plusieurs clubs locaux. Le Périgourdin participe lui à une association, baptisée « Kampuchea Ballop » (« embrasser le ballon », NDLR) qui accueille des enfants défavorisés ou handicapés grâce à des éducateurs khmers. « Le sport joue ici un rôle de vecteur d’intégration sociale, se félicite-t-il. La principale valeur que nous enseignons à tous ces jeunes, c’est le respect. » Pour son dixième anniversaire cette année, l’ONG a d’ailleurs envoyé quatre de ses formateurs en France assister aux matches de la Coupe du monde.
Décalage horaire défavorable
Autant dire que même si la boxe, le volley et le football restent les sports les plus suivis au Cambodge, le pays compte désormais de nombreux fans de rugby.
« Il y a des bars et de grands restaurants qui diffuseront en permanence les matches de la Coupe du monde sur des écrans géants pendant la compétition, à Phnom Penh mais aussi à Battambang et Siem Reap, la ville touristique des temples d’Angkor, détaille Jean-Claude Garen. Le souci, c’est que pour suivre les rencontres en direct, les cinq heures de décalage entre la France et le Cambodge ne sont pas très favorables. Les matches programmés à 21 heures à Paris seront diffusés à deux heures du matin au Cambodge. Il faudra veiller tard ! »
N’empêche, l’Institut français et le lycée Descartes de Phnom Penh ont tout de même prévu une soirée exceptionnelle ce vendredi soir à partir de minuit pour le match d’ouverture du Mondial France – Nouvelle-Zélande.
Le combat de Jean-Claude Garen est maintenant de faire entrer le rugby au sein des « Asian Sea Games », sorte de mini-Jeux olympiques auxquels participent les athlètes de onze pays de la région. Et quand on lui demande son pronostic pour le Mondial, Jean-Claude Garen parie sans hésiter sur une victoire des tricolores en finale, face à l’Irlande. « L’équipe de France U20 (junior, ndlr) a bien été sacrée championne du monde en juillet dernier contre l’Irlande en Afrique du Sud, pourquoi pas ses aînés ? »
L’association Kampuchea Ballop au Cambodge
Emmanuel Langlois – Tribune Aquitaine